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"Songes sacrés", Les Surprises, avec Brossard, Clérambault, Charpentier, c'est dimanche 27 avril, à 16 h, à Bordeaux, église Saint-Paul .
"Juliette Guignard, Bordelaise de 23 ans, joue de la viole
de gambe ; c’est une ravageuse de crins, une déchaînée du soft et hardi
répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles. Dès 6 ans,
elle tient son archet à l’école de musique du Bouscat dans la classe de
Paul Rousseau et le suit au conservatoire de Bordeaux.
Le reste viendra naturellement puisqu’elle a biberonné la
musique et la scène très tôt avec ses parents fondateurs de la compagnie
Éclats à Bordeaux.
Histoire de ne pas faire comme eux, elle rêve
d’architecture, mais trop impatiente pour affronter les longues études,
elle choisit le parcours musical. Après Bordeaux suivent classes et
diplômes majeurs aux conservatoires supérieurs de Lyon et de Paris.
Un passage à la Sorbonne Nouvelle Paris 3 en conception et
direction de projets culturels lui donne les outils pour monter « sa
petite entreprise ».
C’est avec Louis-Noël Bestion de Camboulas, son complice
claveciniste et désormais directeur musical, rencontré à Lyon, qu’elle
assure la base d’un ensemble tout terrain pour le répertoire baroque,
mais pas seulement. Cette bonne base de deux instruments, appelée
continuo, accueille les « dessus » : voix, violons, flûtes, hautbois et
tous instruments qui chantent. Le continuo étoffe, porte, soutient,
dialogue, colore.
Juliette et Les Surprises sont invitées ou se produisent
dans divers lieux, où leurs programmes sont estimés, appréciés : Lyon,
Bruxelles, Italie, Gironde… L’ensemble explore un auteur peu diffusé
(les Rebel) ou proposent des thèmes originaux (avec danse) qui
intéressent ainsi des programmateurs aux grandes oreilles. Ils ont
bénéficié d’une résidence fructueuse au Festival de musique baroque
d’Ambronay qui a débouché sur l’enregistrement d’un disque. L’ensemble
Les Surprises était l’invité de France Musique pour deux émissions en
février dernier.
Métamorphoses baroques, thème de leur dernier concert à
Bordeaux, faisait dialoguer des pièces de Bach, Buxtehude, Reinken du
XVIIIe siècle avec une création contemporaine de Friedemann Brennecke, jeune compositeur allemand.
La confrontation des deux époques n’enlevait rien à
chacune d’elles mais leur donnait un éclairage particulier et
enrichissant. Le public ne s’y est pas trompé.
Le prochain concert des Surprises aborde Les Méditations
pour le Carême composées par Brossard, Clérambault et Charpentier pour
trois voix d’hommes et trois instruments, qui tiennent le rôle de
continuo.
Carême, temps de méditation, est peu propice aux
acrobaties vocales féminines ; aussi les voix d’hommes à la couleur
ténébreuse (basse) ou rayonnante (ténor ou haute-contre) illustrent les
rôles des personnages bibliques.
Juliette Guignard porte cet ensemble avec une conviction
particulière vers de nouveaux chemins d’écoute et contribue au
développement du répertoire contemporain pour instruments anciens. Nul
doute que l’originalité de leur démarche et la qualité de l’ensemble
convaincront des partenaires financiers et des aides légitimes.
L’art de tous temps n’a jamais été que le reflet des rêves
les plus beaux que les hommes ont conçu ; les musiciens d’aujourd’hui
méritent le soutien que toute belle entreprise constitue pour notre
survie, en marge de tout sondage et calculs d’audimat."
© France Debès - JunkPage / avril 2014