Le Dominicain Joël Boudaroua va rejoindre le Var.
Article de Catherine Darfay, paru dans Sud-Ouest le 03/08/2012.
Dans les communautés religieuses aussi, l'été est le temps des
mutations. « Comme chez les Jésuites, il n'y a pas chez nous de
stabilité dans les couvents. Au bout de dix ans, il est normal de bouger
» explique Joël Boudaroua, qui quittera à la rentrée le couvent
Saint-Paul des Dominicains pour la Sainte-Baume, dans le Var. Ce qui le
rapprochera de ses origines provençales mais l'éloignera de la grande
ville, pourtant la spécialité des Dominicains.
À Saint-Paul,
ceux-ci ont succédé aux Jésuites il y a 20 ans. Depuis, on voit souvent
leurs soutanes blanches dans les rues. Y compris lors de rassemblements
comme les Cercles du Silence qui protestent contre les centres de
rétention pour les sans-papiers ou à la Maison de Marie, qui accueille
les gens de la rue à Saint-Martial. Frère Joël assume les deux : « En
habit, nous sommes nous-mêmes et c'est ce que les gens apprécient. C'est
une façon de donner des repères. Pour le reste, effectivement, l'Évêque
ou d'autres nous demandent de nous investir… ».
Aux côtés des artistes
Ce qui n'empêche
pas les Dominicains d'avoir aussi un apostolat hors de la ville, pour
assurer l'aumônerie du lycée de la Sauque, le rosaire de tout le grand
Sud Ouest et un enseignement qui conduit Joël Boudaroua jusqu'au
séminaire de Bayonne.
L'investissement qui l'a fait connaître a
cependant surtout été aux côtés des artistes, dont il est l'aumônier :
une messe des artistes une fois par mois à Sainte-Croix, des concerts
avec les élèves ou les professeurs du Conservatoire, la chorale des
frères qui chante aux offices quotidiens, une seconde, mixte, avec les
Dominicains et des laïcs les dimanches… « Notre tradition canoniale a
conservé des coutumes anciennes comme les offices chantés. Il s'agit, là
aussi de repères et nous avons la chance d'avoir à l'abbaye de Sylvanès
un compositeur « maison », qui a assuré renouveau du chant liturgique.
Dans tout cela, je ne suis qu'un maillon et je sais bien que chorales et
concerts dureront après moi. »
25 frères
Frère
Joël a également accueilli avec joie le lustre de verre et de métal
conçu par Jean-François Buisson au plafond de l'église baroque de la rue
des Ayres. Belle occasion de fêter le nettoyage de la façade enfin
entrepris depuis… 400 ans. Dans la foulée, des échafaudages sont déjà
dressés devant les retables du transept que le XIXe avait obscurci de
peinture noire. Et l'orgue romantique, « très mal en point » devrait
bientôt bénéficier d'une restauration.
Musique, art contemporain,
régularité de l'église ouverte où les offices ont lieu matin et soir et
développement d'activités comme un ciné-club ou les conférences du
collège universitaire Saint-Dominique ont fait de l'église Saint-Paul
une des plus fréquentées de Bordeaux. Et, avec 25 frères, le couvent
attenant, le seul en centre-ville, ne connaît pas la crise des
vocations. « A 50 ans, je fais désormais partie des vieux » sourit frère
Joël. « J'ai passé ici dix années très riches, où j'ai pu réaliser des
choses et où j'ai aussi beaucoup reçu, même si je n'ai sans doute pas
toujours été à la hauteur. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire